samedi 31 octobre 2009

L'élégance de la méduse...









Jellyfishes - Ocean Park, HK


Woof!

"SCRATCH ME"

Quand l'objet s'assume


Après la visite avec mon mastère de l’exposition de l’Observeur du design à la Cité des Sciences et de l'Industrie, le prof de Design nous a demandé de choisir un produit qui avait attiré notre attention.
Ben moi, c'est des câbles électriques.

Le concept est simplissime : on a tous été confronté au moins une fois à la problématique d’un câble électrique à dissimuler car complètement inesthétique dans notre intérieur. DECOVISION® apporte l’évidente solution : pourquoi ne pas rendre le câble lui-même esthétique.

Les 5 familles de décor permettent une intégration du câble dans un univers. Le câble devient partie intégrante de l’objet et imite l’aspect visuel du matériau sur lequel il est utilisé. Il se fond ainsi parfaitement dans son environnement, en étant camouflé ou fantaisiste, participant pleinement à la mise en valeur des objets. http://www.decovision-omerin.com//


POURQUOI CE PRODUIT M’A PLU PLUS QU’UN AUTRE

J’ai choisi de m’attarder sur ce concept car il a immédiatement attiré mon attention. Si je me suis arrêtée sur le produit lors de l’exposition c’est qu’il répond à un besoin que j’ai souvent éprouvé sans l’avoir vraiment formulé. J’ai senti qu’il me concernait. 1er contact avec l'objet.
Pour mieux comprendre pourquoi un câble électrique peut me faire autant d'effet: j'ai l’habitude de souvent déménager et ma maison est mon repère. Comme mes habits, ma décoration est un moyen d’expression. J’aime me sentir chez moi et je ne laisse rien au hasard. Tendance mono-maniaque. Mon réveil étant sur mon étagère, et la prise au niveau du sol, classique, j’ai donc ressenti très récemment le besoin pour ma paix visuelle de cacher un fil électrique, ce que j’ai fait avec un boa à plumes blanches – on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.


Ma réaction a été très banale face à un problème de ce type : l’objet est moche = je le dissimule. Ainsi, ce fil fantaisie a pour moi un côté provoc'. "Oui, il y a un horrible fil électrique qui traverse la pièce, mais regardez comme le mien est sexy", "Moi et mon câble électrique, c'est le big love".

Ce qui me plaît dans ce projet, c’est l’audace. L’objet s’assume.


On contourne la réaction instinctive pour aller au-delà. Si l’objet n’est pas esthétique, pourquoi justement ne pas chercher à agir sur ses caractéristiques propres. On peut ainsi à présent choisir un câble qui vient se camoufler parfaitement dans le décor ou qui vient rajouter du décor par sa fantaisie. Avec ce dernier choix, qui est l’option qui m’attire le plus, on offre une fonction supplémentaire à l’objet, d’un simple convoyeur d’électricité, il devient objet de décoration.

J’aime dans la démarche du design cette capacité à aller chercher les solutions sur tous les fronts, à prendre du recul sur l’objet. Ma réaction face à l’objet a été « Mais c’est génial, ce câble électrique va révolutionner ma vie! » enfin presque.


D’AUTRES CONCEPTS OU L’ON RETROUVE CETTE DEMARCHE

De manière générale, c’est cette capacité à surprendre qui m’attire dans le design, à surprendre par l’évidence. Lors de la remise des étoiles, le grille-pain avec une fenêtre pour surveiller les toasts a suscité de l’étonnement dans la salle et la personne présentant le produit l’a en effet résumé ainsi: « c’est le genre de produit pour lequel tout le monde se demande pourquoi où on y avait pas pensé plus tôt ». Le toast n’est jamais grillé comme on le veut, faisons en sorte que l’on puisse le voir griller. La sauce n’est jamais du bon côté dans l’assiette, faisons une assiette avec un jeu de séparation. Les câbles électriques sont moches, rendons les beaux. Des évidences.

Le designer trouve la solution, en analysant l’objet et son contexte, là où on n’osait pas ou plus s’aventurer. Au sein de cette démarche, j’aime beaucoup le concept utilisé dans les câbles électriques qui est d’assumer l’objet. S’il dérange, s’efforcer de le cacher est souvent bien plus compliqué et maladroit que chercher à l’intégrer.

Cette idée est reprise avec Linky, le compteur électrique communicant d' ERDF. Cette installation que l’on cherchait désespérément à cacher devient visible donc on travaille son esthétisme, et pour définitivement nous réconcilier avec lui, on lui ajoute une interface de communication qui relie le consommateur, le fournisseur et le distributeur. Il permettra ainsi à l'utilisateur de mieux comprendre sa consommation et de modifier son comportement en conséquence pour consommer moins. Ou quand le designer transforme les inconvénients en avantages.


Pour extrapoler, je vois une intention similaire dans certaines réhabilitations d’anciens espaces. Pourquoi chercher à tuer le passé du lieu en rasant et reconstruisant alors qu’on peut faire renaître un espace dans des murs témoins de l'Histoire. Je pense au Lieu Unique à Nantes qui fait apparaître de manière évidente les anciennes structures pour donner au lieu son atmosphère. Le moche n’est plus caché, on le rend beau. On transforme la prétendue laideur du béton brut, des tuyaux de canalisation en véritable esthétique décorative.

Et ce n’est pas le centre Pompidou ou le béton brut griffonné de coups de crayon des murs de la boutique du siège de Baccarat designé par Starck, tous deux nés ex-nihilo avec cet esthétique, qui me contrediront.

Here I am!

Me voilà! J'ai un blog! Je suis pas encore une bloggeuse, mais en tout cas, j'ai mon blog.. à moi que c'est le mien et que je dis toutes les conneries que je veux :)

Cela fait un petit moment que j'y pense. Je me suis demandée si cet étalage de réflexions et pensées personnelles - dans le prolongement de mon étalage d'info. perso. et photos sur facebook - ne signait pas la mort d'une décence qui peut-être se perd aujourd'hui: celle de savoir cultiver son jardin secret à l'abri de regards. Et puis fuck, I am so 21st century so here I aaaaaam!

Et puis d'abord, ce n'est pas moi que vous allez découvrir:
C'est eux. Ces artistes, designers, penseurs, réalisateurs, musiciens, qui font valser mes émotions et réflexions.
C'est là. Ces endroits où l'on pourrait s'asseoir et attendre une vraiment, vraiment bonne raison pour repartir.
C'est ça. Ces objets et oeuvres qu'on l'on croise et qui nous font nous arrêter et observer, points d'exclamation ou d'interrogation dans les yeux.

Et ils sont partout! L'art, le design, la création sont partout, et c'est tant mieux.


"I am everywhere". Mur près du Canal St Martin, Paris